La journée avait été parfaite. Des différents projets qui pouvaient l'animer, nous avions élu celui qui nous semblait le plus rapide. La pluie était annoncée pour la nuit suivante. L'approche quelque peu pénible, franchissait des éboulis croulants, des buis serrés mais l'envie de découvrir notre motif n'en fut pas entamée. Une fois de plus la Peña de Sin allait nous offrir le meilleur de sa garde robe de cendre et d'or. À 21 heures, frontale sur le casque, nous goutions ces beaux instants de roc partagés au sommet. La large vire qui devait nous mener à la rivière, nous demanda de l'attention ; fatigué, je restait concentré sur mes pas laissant à Rémi le soin de trouver le meilleur chemin. Quand nous avons atteint la rivière, il ne nous restait plus qu'a suivre le pied d'une ligne électrique pour retrouver la route, la bière et un plato combinado. La nuit était d'encre. des murs de ronces barraient notre route ; nous devions les franchir, plus haut ce serait mieux… Mais tout est allé en empirant! le prédateur végétal n'avait de cesse de nous engloutir, nous faisant perdre toute logique du retour. En rampant je passe sous un bloc et continue mon chemin… Une heure plus tard, peut-être plus ou moins, il y avait longtemps que le temps s'était arrêté ou qu'il avait cesser de nous accompagner, je retrouve le même bloc… Je tournais en rond… Il en serait ainsi pendant plus de 4 heures. 4 heures qui fond fondre toute patience, 4 heures qui hurler dans la nuit, 4 heure de rage et d'incompréhension… A ceux qui vivent la nature dans l'écran de leur GPS , je revendique souvent la chance très précieuse que j'ai, de pouvoir me perdre dans les endroits où j'aime trouver mon chemin… là, le cadeaux n'était pas de mon goût. Ironie du sort, il y a dix ans en ouvrant "Stupeur et Tremblements" avec Philippe Barthez, le même endroit nous avait réservé un sort similaire, plus bref mais il pleuvait à torrent…
Nul doute qu'une sorcière à épine hante les lieux
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