vendredi 30 septembre 2022

 Ordesa Gavarnie

Ces jours ci avec Anne Cécile Cardona, nous avons gouté les Pyrénées. Du sommet du Tozal del Mallo, après avoir gravi la Face Sud, nous avons suivi la Faja de las Flores, puis gagné la Brèche de Rolland et le refuge des Sarradets. Le lendemain, c’est en Face Sud du Casque par un temps frais que des draperies calcaires nous ont mené sur la crête du Cirque. Nous avions, nous prenions, du temps alors nous descendu sur le petit plateau où débouche la cheminée souterraine du Casque. Il nous a fallu longtemps pour rencontrer l’orifice de la cheminée, le jeu était cocasse! Le lendemain, jour de fête entre amis dans la face Nord de la Tour. Itinéraire exceptionnel! Puis pour finir nous sommes redescendu vers Ordesa, pour rendre visite au Pilier du Printemps. Quatre jours d’une rare beauté!

 La Face Nord de la Tour du marboré je l'avais parcouru à l'âge de 17 ans, je n'y étais jamais revenu. Il est bien possible qu'à cet âge là, enchevétré dans des 5,6,7 des + et des - (les a et les b venaient juste de naitre), la beauté de cet itinéraire, l'intelligence de son parcours et l'audace qui accompagnait alors leur créateur ne m'aient vraiment marqué. Ce coup ci ils m'ont chamboulé, enthousiasmé. A mon retour j'envoyais ces quelques mot à mon père


La Tour, je l’avais parcouru il ya 40 ans. je ne sais pas pour pourquoi, une erreur de jeunesse peut être, je n’y étais pas revenu. Hier j’y étais . Des cordées amies nous accompagnaient. Ce fut une très belle journée. Papa, j’ai, là, gouté ton audace. Cette insouciance dans le voyage sur la pierre dont je crois avoir hérité (dans la vie elle m’a fait parfois trébucher mais qu’importe) je l’ai hier admiré! Par ta passion transmise, je connais les plaisirs, les incertitudes, les peurs aussi, d’aller de l’avant dans une muraille inconnue. On approche pas toutes les murailles avec les mêmes sentiments. Quand le soleil dessine les reliefs, révèle les failles et chauffe la pierre, le jeu est déjà différent. L’austérité d’une face nord si haut perchée comme la Tour modifie les règles, elle peut bousculer bien des motivations, ton beau texte sur cette ascension en témoigne d’ailleurs. Le cheminement que vous avez découvert sur la paroi de la Tour est sublime. Il fallait la trouver cette traversée qui permet d’échapper à ce dièdre qui était près à vous avaler! Et puis, là haut, la montagne vous a autorisé qu’on la visite de l’intérieur ; comme si, après vous avoir rabroué a plusieurs reprises la Tour s’associait, par ce rare cadeaux de la nature, à cette si belle ascension. Enfin, si les sculptures de ce calcaire si pur ont participé à dessiner la voie, c’est surtout une histoire de cordée, de connivence , d’amitié qui a gagné la cime. Les derniers mots de ton récit célèbrent ce partage. Cette complicité, porté au stade de gémélité pour vous si souvent, je la comprends si bien.

Merci, Papa